Lacan. Les contradiccions de l’amor.
- Albert Amat Oliva
- Jan 11, 2016
- 2 min de lectura

Il n’y a pas une seule définition, chez Lacan, de l’amour, mais mille, qui à peu près toutes se contredisent entre elles. Comme les conceptions de l’amour se contredisent les unes les autres (Ogien le montre avec délectation…), et comme le plupart des histoires d’amour (qui finissent mal, comme on le sait) sont des lieux chaque fois singuliers de contradictions. Et là réside sans doute, depuis Kant, la divergence la plus profonde entre philosophie analytique et « continentale » : la conception de la vérité, chez tous les grands philosophes « continentaux » depuis Hegel, c’est la coexistence de contradictions. La vérité est violence – en amour comme ailleurs, aujourd’hui comme hier. C’est pourquoi elle est proprement humaine.
[“Qu’est-ce je dis par là? Je dis à l’autre que le désirant, sans le savoir sans doute, toujours sans le savoir, je le prends pour l’objet à moi-même inconnu de mon désir. C’est à dire, dans notre conception à nous du désir, je t’identifie, toi à qui je parle, à l’objet qui te manque à toi-même. En empruntant ce circuit obligé pour atteindre l’objet de mon désir, j’accomplis justement pour l’autre ce qu’il cherche. Si, innocemment ou non, je prends ce détour, l’autre comme tel, ici objet – observez-le – de mon amour, tombera forcément dans mes rets.”]
Aimer, c’est reconnaître son manque et le donner à l’autre, le placer dans l’autre. Ce n’est pas donner ce que l’on possède, des biens, des cadeaux, c’est donner quelque chose que l’on ne possède pas, qui va au-delà de soi-même. Pour ça, il faut assurer son manque, sa « castration », comme disait Freud. Et cela, c’est essentiellement féminin. On n’aime vraiment qu’à partir d’une position féminine. Aimer féminise. C’est pourquoi l’amour est toujours un peu comique chez un homme. Mais s’il se laisse intimider par le ridicule, c’est qu’en réalité, il n’est pas assuré de sa virilité. [Jacques-Alain Miller]
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